Un combat sans fin : Mama Koite dédie sa vie à la lutte contre les violences sexuelles.
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Le Maintien de la Paix des Nations Unies a récemment rencontré Mama Koite, activiste et militante pour les droits des femmes et des victimes de violences sexuelles. Alors que les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre touchent à leur fin, découvrez son travail et son inspiration à poursuivre le combat.
“30 ans”, dit-elle suivi d’un long soupir, “ça fait 30 ans que je fais ça”, avant d’ajouter rapidement avec un sourire qui illumine son visage, “et je ne regrette rien.”
Mama Koite a consacré sa vie à lutter pour les droits de l’Homme. D’abord syndicaliste dans son pays d’origine, le Mali, elle a ensuite décidé de se spécialiser dans la défense des droits des femmes, et en particulier des victimes de violences sexuelles dans les conflits.
« [Parce que je suis une femme], j’ai été victime de discrimination à la maison, au travail, dans ma société et j’ai décidé que trop, c’est trop », nous a dit la militante en marge d’un dialogue sur le maintien de la paix et le leadership humanitaire qui s’est tenu à New York pour marquer le 22e anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les Femmes, la Paix et la Sécurité.
Pendant 30 ans, Mama Koite a parcouru le continent africain — et le monde — pour défendre les droits des survivants à la justice et à des réparations. La violence sexuelle liée aux conflits est fréquemment utilisée comme une tactique de guerre et pour terroriser les populations, et ainsi, l’adversaire. Cela peut prendre la forme de viols, d’esclavage sexuel, de prostitution forcée, de grossesse forcée et d’autres crimes graves. Depuis 2000, le Conseil de Sécurité de l’ONU a adopté 10 résolutions sur les Femmes, la Paix et la Sécurité. Ils mettent en évidence le lien entre la violence sexuelle, l’égalité des sexes et le rétablissement de la paix et de la sécurité. Les violences à l’égard des femmes et des filles menacent la paix et la sécurité internationales.
Garantir l’accès des victimes à la justice et soutenir les défenseurs des droits humains comme Koite qui se battent pour elles, est au cœur du travail de maintien de la paix des Nations Unies. Aujourd’hui, quatre missions de maintien de la paix ont un mandat spécifique du Conseil de Sécurité pour lutter contre la violence sexuelle liée aux conflits : la MINUSCA en République centrafricaine, la MINUSMA au Mali, la MONUSCO en République démocratique du Congo, et la MINUSS au Soudan du Sud. Toutes les missions de terrain des Nations Unies s’occupent de prévenir et de combattre les violences sexuelles liées aux conflits.
De la République centrafricaine au Mali et la République démocratique du Congo, Koite a été à l’écoute des victimes, confrontée à des témoignages qui en auraient découragé beaucoup.
« J’ai vu et entendu d’horribles [choses]. J’ai beaucoup pleuré, j’ai parfois fait des cauchemars (…) mais j’ai aidé beaucoup de survivants et je veux continuer à les soutenir », a-t-elle déclaré tout en appelant les États membres à fournir davantage de soutien financier pour les projets d’aide aux victimes.
De 2015 à décembre 2021, Mama Koite a eu la chance d’élargir la portée de son travail lorsqu’elle a été élue — deux fois — au Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale.
« Je supervisais les réparations pour les victimes et cela nécessite une approche globale : psychologique, physique et matérielle. Nous sommes passés de la mise en œuvre de six programmes pour aider les survivants à 26 [mondialement] (…) mais il reste encore beaucoup de travail à faire », a déclaré Koite, soulignant l’excellent travail effectué par de nombreuses organisations sur le terrain.
« Ma vision aujourd’hui est de travailler avec les nouvelles générations. J’encadre et conseille beaucoup de jeunes. C’est à nous de les préparer à assurer la suite, sinon tout le progrès accompli jusqu’à aujourd’hui sera perdu », a-t-elle ajouté.